mardi 31 janvier 2012

De Varanasi à Delhi


Arrivés en avance à la gare de Khajuraho, nous nous installons confortablement dans le train en partance pour Varanasi. Rapidement, nous faisons la connaissance de nos « collègues » de couchettes, deux françaises ayant la cinquantaine profitant du mois de janvier pour parcourir l‘Inde et 4 espagnols fort sympathiques bouclant leur tour du monde ! Un peu plus tard, le train démarre dans les temps, présageant une bonne nuit et une arrivée dans la matinée.

Le lendemain, l’ensemble de notre compartiment se lève pensant prendre le petit déjeuner commandé la veille à notre préposé du wagon, Raoul. Surpris de ne pas voir nos plateaux arriver avant de débarquer en gare de Varanasi, le toulonnais que je suis décide d’aller aux nouvelles. Force est de constater que nous devons malheureusement patienter encore... Le train a 7 heures de retard et l’arrivée est prévue pour 17 heures au lieu de 10h50…
La nouvelle plus ou moins bien digérée et dans l’attente de notre petit déj, nous reprenons de plus belle nos discussions. Le voyage se passe dans un esprit bon enfant : entre conversations, descentes de gare pour s’approvisionner sur le quai (nous finissons quand même par avoir notre petit déj tant convoité, mais tellement fade !) et quelques moments de repos.
L’heure supposée d’arrivée à Varanasi approchant et sans nouvelle depuis le matin, l‘ensemble du wagon commence a nouveau à se poser des questions. Une fois de plus, nous interpellons Raoul, qui nous répond timidement que le train aura au final près de 11 heures de retard ! Résignés et fatigués, nous profitions des dernières heures avec nos compagnons d’infortune !
Après 22 heures de train pour faire moins de 400 bornes, nous saluons l’assemblée accompagnés des deux françaises et quittons la gare. Partageant tous les quatre un rickshaw, nous nous entassons dans celui-ci et filons en direction de nos hôtels respectifs. Ceux-ci sont situés dans le Chowk, quartier ancien constitué de ruelles étroites où il est facile de se perdre. Le rickshaw ne peut y accéder et il nous faut donc continuer seuls. Guidés par un enfant sorti de nulle part, nous déambulons lampes de poche à la main dans les rues sombres de ce quartier. Peu rassurés par les lieux et notre balade nocturne qui n’en fini plus, nous pressons le pas et restons groupés. Après de longues minutes de marche, il nous faut nous séparer de nos 2 compatriotes pour finalement atteindre notre hôtel.

Le lendemain, après une bonne matinée de sommeil, nous commençons notre journée dans les rues étroites et encombrées du Chowk en direction d’un petit restaurant repéré dans notre cher guide ! Il nous faut emprunter une des voies principales qui permet de contourner le Chowk et qui regorge de véhicules et de piétons. Nous en profitons pour nous rendre sur Godowlia Crossing, marché réputé où les indiens font leurs emplettes. Après de brefs achats, nous continuons non sans mal notre chemin et nous tombons nez-à-nez avec Alice et Agathe, deux sœurs jumelles françaises que nous avions rencontré hâtivement à Orchha. N’ayant pas encore déjeuné, les deux sœurs décident de se joindre à nous.



Quatre heures de l’après-midi sonne le glas et nous rejoignons ensemble Harischandra Ghat, l’un des deux crématoriums de la ville. Il faut savoir que Varanasi  est considérée comme une ville sacrée dans la religion hindoue. C’est LE lieu où tout indien souhaite mourir pour mettre fin aux cycles des réincarnations. Varanasi peut ainsi compter jusqu’à 600 incinérations par jour ! Nous arrivons ainsi à cet endroit, si particulier pour nous occidentaux,  pour assister aux crémations. Nous sommes peu nombreux en cette fin d’après-midi, mais dès le coucher du soleil, la foule devient de plus en plus dense.
Bouches bées, nous assistons en bordure du Gange, aux rituels et aux crémations elles-mêmes. Nous verrons ainsi celle d’un homme appartenant à la basse caste et celle d’un autre homme appartenant à la haute caste. Après avoir était plongé dans l‘eau du Gange, le défunt est placé sur un bûcher. Plus le défunt appartient à une haute caste, plus celui-ci est brûlé en hauteur du fleuve. Ainsi, le défunt de la haute caste est brûlé sur un autel avec du bois de qualité et en quantité, alors que l’autre homme de la basse caste est brûlé à proximité du Gange avec un bois de mauvaise qualité, en  quantité insuffisante et avec les moyens du bord… L’ainé de la famille doit verser de l’eau du Gange dans la bouche du défunt et ensuite tourner autour de celui-ci avec des braises avant d’y mettre  le feu.  Pour cela, il lui faudra s’être rasé la tête, lavé dans le Gange et habillé d’un drap blanc. Impressionnés par tout ce cérémonial, troublés par ces corps se consumant entièrement devant nos yeux et par l’odeur de chair brûlée, nous décidons de continuer à longer le fleuve avec les deux sœurs jumelles pour arriver sur le deuxième crématorium. Nous passons ainsi de ghâts en ghâts et assistons aux diverses cérémonies de prières ayant lieux à la nuit tombée. 




Pour finir, nous arrivons au deuxième crématorium, Manikarnika Ghat. Arrivés sur place dans l’obscurité (la lumière provient uniquement des défunts qui brûlent), l’ambiance est post apocalyptique. Ici c’est un peu l’usine. Le crématorium est bien plus grand et nous ne nous sentons pas à notre place. Nous quittons précipitamment les lieux.  Chargé d’émotions, nous nous couchons tôt pour profiter de la matinée qu’il nous reste à Varanasi.


Le lendemain, le soleil n’est pas encore levé que nous sommes déjà confortablement installés dans notre barque pour une heure de balade sur le fleuve sacré du Gange. Nous ne sommes pas les seuls ! Un grand nombre de touristes est déjà présent. Comme eux, nous longeons les ghâts à l’heure des ablutions, de la lessive mais aussi… des crémations ! Après une heure de balade et de mitraillage photos, nous partons pour la vieille ville pour d’ultimes achats avant de reprendre le train pour New Dehli.
















Nous embarquons en début d’après-midi dans le wagon et nous nous retrouvons avec une famille indienne plutôt moderne. Chacun de notre côté au début, nous commençons à sympathiser le soir venu. Une fois de  plus, ceux-ci se montrent très intéressés par notre voyage et notre pays. Lui travaille sur des bateaux de marchandise et voyage donc pas mal, elle est encore étudiante. Ils sont accompagnés par la belle-mère et malgré le fait que nous avons face à nous une famille moderne, nous pouvons nous rendre compte de la différence de statut des belles-filles en Inde (après le mariage, la jeune femme vient vivre dans la famille de son époux et doit obéïr à sa belle-mère…)

Nous arrivons une nouvelle fois à Delhi à un horaire matinal après une nuit en couchettes et prenons la direction de l’appartement de Robert en empruntant le métro, suivit d’une fraiche virée en rickshaw. Nous profitons de la matinée pour nous poser un peu et préparer nos affaires avant de reprendre de plus belle nos visites sur le coup de midi. 

Nous prenons la peine de déjeuner en arrivant à Old Delhi avant de visiter la mosquée de Jama Masjid. Celle-ci est la plus grande de l'Inde, pouvant accueillir 25 000 personnes. Construite entre 1650 et 1656 sous le règne de l'empereur moghol Shâh Jahân, elle est construite en marbre blanc et grès rouge et se situe dans une vaste cour. Après un accueil peu sympathique au guichet, nous rentrons pour faire le tour de ce site religieux. A peine rentrés, Marine est sollicitée par quelques familles pour une photo avec elle sous les regards amusés de certains. Passant notre chemin, Marine est à nouveau sollicitée par des jeunes qui veulent aussi obtenir une photo avec elle. Au bout de 10 minutes les sollicitations devenant incessantes, nous écourtons notre visite et quittons rapidement les lieux ! 



Un peu dépités, nous partons à 15 kilomètres de Dehli voir Qutb Minar. Signifiant la « tour de la victoire » en Hindi, c’est le minaret indien le plus haut (72,5 m de haut - 80 m à l'origine). Classé au Patrimoine mondial de l’UNESCO en 1993, ce site est l'un des sites touristiques les plus fréquentés de Delhi. Erigé à partir de 1192 par Qûtb ud-Dîn Aibak, premier dirigeant musulman de Delhi, ce n’est qu’en 1368 que l’édifice sera terminé. Certains prétendent que le minaret a été construit comme une tour de la victoire pour signifier le début du pouvoir musulman sur l'Inde, alors que d'autres y voient le minaret de la mosquée située à côté.





Pour finir cette journée placée sous le signe du mystique, nous repartons une fois de plus par le métro direction le Temple du Lotus. Après la traversée du Kalkaji District Park, nous accédons enfin au temple. Ouvert en 1986, le Temple du Lotus est un monument qui se veut ouvert à tous et à toutes les religions (quatre millions de visiteurs par an). La nuit tombant et Robert nous attendant, nous rentrons illico presto pour profiter de notre dernière soirée tous ensemble !




Après une bonne dernière nuit à Delhi, nous partons en voiture avec Robert et Moti. Nous remercions Robert de nous avoir gentiment reçu chez lui et nous le laissons à son travail. Moti, quant à lui, est chargé de nous accompagner jusqu’au Tibetan Market, dans le quartier  de Connaught Place. Ce marché, comptant de nombreuses boutiques, est l’un des plus connus de la ville. On y trouve à peu près tout : statues, encens, bijoux, tableaux, mobiliers, vêtements et même des produits tibétains ! Nous profitons de l’ouverture des magasins pour faire quelques affaires. Après un dernier Mc Do made in India, nous prenons un dernier rickshaw (ça va nous manquer !) pour l’appartement de Robert.
En rentrant, nous retrouvons Moti et nous avons la surprise de revoir Shanta, la gouvernante de Robert qui nous attendait pour un dernier good bye ! Très attachants et souriants, nous passons un peu de temps pour discuter de notre périple et d’un éventuel retour ! Qui sait ! 



Pris par le temps nous faisons nos sacs avant de monter rapidement en voiture avec Moti, direction l’aéroport. Après des au revoir un peu à la hâte sur le parvis de l’aéroport, nous fonçons vers le comptoir d’enregistrement pour notre prochain vol… Bangkok !

mardi 24 janvier 2012

Orchha Vs Khajuraho


Nous abordons notre journée par une course matinale en rickshaw sous la brume et dans le froid. La visibilité est quasi inexistante et nous appréhendons notre trajet jusqu’à la gare, de peur d’avoir un accrochage avec un autre véhicule.
Dès notre arrivée à la gare, nous souhaitons monter dans notre train afin de pouvoir nous réchauffer au plus vite. Arrivant sur le quai investi par la brume, nous attendons impatients notre départ, qui se solde par 2 heures de retard. Un peu plus, et nous finissions congelés !


En atteignant Jhansi, nous cherchons à rejoindre Orchha (village de 9 000 habitants) par le bus local, qui est plus confortable et surtout plus sûr qu’en rickshaw. Arrivée à la gare routière, les gens n’hésitent pas (encore!) à nous faire tourner en bourriques en nous indiquant plusieurs fois le mauvais bus! Grâce à l’aide de deux jeunes, nous parvenons quand même à trouver le bon. Le responsable ne souhaitant pas nous voir monter avec les « locaux », il nous signifie l’endroit où se trouvent les rickshaws. La raison : que l’on paye plus cher. Après tout, nous sommes des touristes ! Pris pour des pigeons, le ton monte vite contre le responsable, qui au final nous autorise à embarquer !

Nous arrivons sain et sauf et, après avoir déposé nos bagages à l’hôtel, nous nous rendons déjeuner en tête à tête dans l’un des quelques restaurants du village. Nous jouissons du calme qui règne à Orchha et apprécions le peu de vendeurs insistants durant notre tour du village. Nous finissons notre escapade au Chaturbhuj Temple, le plus haut monument du village. Très peu entretenu, ce temple bénéficie d’un joli panorama sur Orccha et ses environs.



Le soir venu, nous nous rendons dans un restaurant situé près de notre hôtel. Familial et accueillant, nous y faisons la connaissance de Sophie, strasbourgeoise, et de son ami belge, Serge. Connaissant bien l’Inde tous les deux, ils nous font partager chacun leurs expériences et nous passons la soirée en leur compagnie.

Bien reposés, nous partons à la conquête de l’est d’Orchha, où se consacrent nos visites de la matinée. En chemin, nous croisons furtivement nos connaissances de la veille et arrivons à notre première étape, le Rajah Mahal. Impatients, nous partons à la rencontre de ce gigantesque site, nous promenant tel que dans un labyrinthe, presque entièrement désert. Bâti entre 1531 et 1539, ce palais, massif, était à l’origine recouvert de faïence turquoise et émeraude. Nullement rassasiés, nous continuons la visite en entrant dans Jahanjir Mahal. Ce palais, destiné à accueillir l’empereur moghol de l’époque, n’a en fait servi qu’une seule nuit !













Nous nous dirigeons ensuite vers le Saaket Ramayana Art Museum, où se trouve une collection de peintures indiennes réalisées par des artistes contemporains des 4 coins du pays. Malheureusement, la visite n’aura pas lieu. Le gardien nous annonce qu’un incendie a détruit tout l’intérieur du musée il y a 4 mois. Sans tarder, nous repartons pour déjeuner. A notre arrivée au restaurant, nous recroisons Sophie et Serge, avec qui nous déjeunons. Installés en terrasse, nous profitons du très beau temps et de la chaleur pour prendre quelques couleurs et déguster notre repas. A nouveau, nous constatons que la cuisine indienne n’est pas des plus light. Tout est très gras !



Légèrement rougis, nous parcourons sous un soleil de plomb l’unique kilomètre qui nous sépare de Laksmi Narayan Temple. Elevé en 1622 sur une colline, ce dernier présente d’importantes peintures murales relativement bien conservées. Un peu éloigné, celui-ci nous offre une vue lointaine sur Orchha et ses environs. Nous tentons même de monter à son sommet mais le mauvais état de l’escalier, la largeur de celui-ci (pas plus de 70cm) et l’absence de garde corps nous donne le vertige et nous fait vite redescendre !





 

Un peu fatigués par la chaleur omniprésente de la journée, nous décidons de passer paisiblement notre soirée, car il nous faut être opérationnels tôt le lendemain.

Levés à 6h, nous quittons Orchha en autorickshaw alors que la ville dort encore. Nous nous rendons à la gare à quelques kilomètres de là d’où partira notre train (sorte de TER sans réservation). Pour finir, le train arrive avec une heure de retard et lorsque nous montons, c’est la surprise ! Nous sommes dans le couloir attenant aux toilettes et le wagon est plus que rempli… Nous tentons tant bien que mal de mettre les sacs dans un coin car nous ne sommes pas les seuls debout… 5h de trajet nous attendent et promettent d’être relativement longues ! De plus, nous nous rendons rapidement compte que personne ne parlent anglais… Après quelques minutes un homme nous fait signe et nous invite à le rejoindre… sur les porte-bagages ! Nous grimpons et, de là-haut, la vue sur les familles indiennes est assez amusante. Même si les gens ne parlent pas anglais, nous pouvons sentir qu’ils sont intrigués par notre présence. Beaucoup de gens nous sourient. Certains partagent leurs encas avec nous. Le trajet à été remplie d’anecdotes en tout genre et on peut dire qu’il nous a marqué !!



A l’arrivée au terminus, les indiens attendant sur le quai ne nous laissent même pas le temps de descendre avant de se ruer à l’intérieur (il ne faut pas oublier que ce train ne garantie pas de places assises) et Jonathan est obligé d’hausser le ton pour arriver à nous extraire du train ! (Je l’entends encore crier « GET OUT » !! soit « dégagez » ! en anglais). A la sortie, une dizaine de rickshaws et de rabatteurs d’hôtel nous tombent dessus. Nous négocions pour que l’un deux nous amènent dans le village de Khajuraho, à 5km de la gare.

Nous nous installons rapidement dans un hôtel et décidons de nous rendre sur l’une des 3 parties du site archéologique de Khajuraho, célèbre pour ses sculptures érotiques. Dès que nous nous retrouvons dans la rue, les interpellations incessantes recommencent… Nous sommes suivis par des jeunes et des moins jeunes qui ont tous plus ou moins la même approche. Après avoir tenté de nous faire visiter le quartier pauvre et la soi-disant école du village, ils disparaissent en un éclair ! Nous pouvons enfin profiter de notre balade tous les deux.







Ayant repérés un bon restaurant italien dans le guide du routard, nous dinons là-bas. Au menu, bière, lasagne et pizza ! Ca fait du bien après 10 jours de nourriture indienne… Ce sera d’ailleurs surement notre meilleur repas en Inde !

Le lendemain, après un réveil tardif, nous partons sur le deuxième site avant de déjeuner et de nous rendre sur le dernier site, le groupe ouest, seul groupe vraiment bien conservé et entretenu. Pour la petite histoire, ces groupes de temples édifiés entre le IXème et XIIème siècle constituent un ensemble unique par la finesse de leurs représentations. Plus que l’architecture, c’est le travail de sculpture qui est ici admirable. Tous les sujets sont passés en revue : la vie quotidienne des rois, des reines, des divinités, aussi bien que celle des guerriers.












En fin d’après-midi, nous rentrons à l’hôtel et attendons patiemment l’heure de quitter Khajuraho en rickshaw pour nous rendre à la gare où nous prendrons un train de nuit. Autant nous avons beaucoup apprécié Orchha car ce village n’est pas encore trop touristique, autant nous avons été un peu déçu par Khajuraho qui s’est avéré un peu trop tourné sur un aspect « commercial ». Pour notre dernière destination, nous retrouvons la grande ville avec Varanasi, ville de 1 300 000 habitants où ont lieux les crémations des hindous… Haut lieu touristique, nous espérons ne pas être trop confrontés à une certaine « agressivité » des rickshaws et divers commerçants sans trop y croire… La suite au prochain épisode !